Début Septembre, les matins sont bien plus frais, le jour se lève déjà plus tard ,7h environ,les nuits sont froides et déjà humides, le soleil brille souvent, mais pas bien chaud...
La Campagne est encore verte, les premières feuilles commencent à tomber sous le souffle du vent qui les emporte et les faits retomber tout doucement en zigzag, comme le vol d'une plume, et le tout forme progressivement un tapis ocre sur le sol qu'elles recouvrent.
Au fil des jours, les arbres jaunissent un peu et tournent aux couleurs de feu c'est magnique c'est à celui qui aura le plus beau manteau d'or...quelle merveille tout cela...
Les enfants ont repris le chemin de l'école, cartables de cuir bordeaux ou noir, pendus au bout du bras , passé sur le dos, ou accroché sur les vélos, car les plus éloignés viennent très tôt en vélo. Et tout ce petit monde en groupe ou isolé de se diriger tôt le matin par tous ces chemins de campagne empierrés ou de terre, galoches aux pieds, blouses identiques, mais l'allure décidée.... Les bavards entraînent les autres, ils s'agitent, s'énervent ou rient, c'est à voir, les parents découvriraient là ,la face cachée de leur progéniture, s'ils étaient derrière un arbre ou une haie.
Ce matin là, c'était l'agitation dans la ferme, maman expédiait presque ses rejetons, elle avait déjà beaucoup travaillé bien avant le levé du soleil. De délicieux parfums de cuisine habitaient l'air. Sur la cuisinière dont le foyer qui brûlait,et était à son rouge maximum, des poêles pétillaient, un rond de feu avait été enlevé, elles avaient chaud au "fesses". Dans le four que maman venait d'ouvrir avec un torchon pour ne pas se brûler, de belles tartes aux pruneaux cuisaient et balançaient au dehors par cette échappée d'air un merveilleux parfum . Hummm!!! vivement ce midi et ce soir!!!
Il y avait du monde, des amis ou parents arrivaient et montaient les escaliers, nous , les enfants, avons eu du mal à nous glisser vers la sortie, tous languissaient d'aller casser la croûte avant de partir pour la vigne ...
C'était vendange...
Mais pour les voisins aussi, il y avait une tripotée de monde qui partait sur le chemin de la Serre, les vignes étaient là, un peu après la sortie du village, en grand nombre à gauche, sur le flan le plus "pentu" et ensoleillé les après midi, le soleil se couchait dessus...
Après ce petit festin, tous de partir sécateur dans une main, panier pendu au bras bérets ajustés , un grand mouchoir noué autour du cou, il servait autant à retenir la sueur qui descendait de dessous les couvres-chefs noirs qu'à la poussière qui aurait tenté d'entrer sous le col d'une chemise qu'on épargnait ainsi , et qui pouvait durer plus longtemps, les lessives se faisaient à la main et au bord des rivières...
Et tout ce monde partait, décidé, vers une nouvelle, mais agréable tâche,et d' entendre siffler, chanter ou bavarder, des rires fusent... c'est que du bonheur!!!....
Derrière suit un beau cheval de trait, noir luisant, attelé à un char dont les bords ont été mis à plat, pour laisser place au maximum de comportes posées sur ce grand plateau....
Une fois arrivés dans la vigne, chacun prend sa rangée et tout en grimpant, coupe sur chaque sep de vigne, les nombreuses belles grappes de raisin noir,et les dépose dans les panier. Personne n'oublie une petite halte de temps en temps pour grapiller un brin, et apprécier ce beau fruit juteux, quelquefois un peu "hispre", il fait faire la grimace, il n'a pas eu son content de soleil et manque de sucre, tout dépend de l'année mais surtout du récoltant, souvent un peu trop pressé ...
Un homme avec une hotte sur le dos vient dans les rangs recevoir les paniers bien remplis et remonte ainsi les rangées jusqu'à ce que la hotte soit pleine. Il va ensuite la verser dans les comportes...puis revient inlassablement.
Lorsque tout est plein, il repart avec sa cargaison vers la maison, et dans la cave sous la demeure, il verse le tout, aidé bien sûr, dans une immense cuve où le raisin sera foulé, avec les pieds nus, par les volontaires....
Tous de rester là jusqu'à la dernière grappe ramassée, il y a la coupure du repas de midi et retour après un bon café-goutte vers le petit vignoble pour terminer...
Et, en général, lorsque le soleil commence à rougeoyer et enflammer les vallées, les vignes sont dépouillées de leurs fruits et allégées, elles vont se reposer enfin....jusqu'aux prochaines vendanges.
Chacun de se relever difficilement le dos un peu courbaturé ils se dirigent vers le petit village où en premier les bêtes les attendent en bramant, les veaux ont faim, les pis sont tendus et font mal, l'heure de la délivrance a sonné, ils vont s'occuper d'eux d'abord et festoyer ensuite autour de la belle table de la ferme, garnie de sa plus belle vaisselle et où les plus bons et beaux mets vont apparaître comme par magie et disparaître engloutis dans ses bouches de travailleurs affamées et tellement heureux de leur belle journée ensemble...